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2e Année No2
Dimanche 30 Octobre 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Dimanche du 20 Octobre au 1er Mai

Léon VALLAS
Directeur — Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
Louis AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Paul FRANCHET ; Vincent d’INDY ; André LAMBINET ; Paul LERICHE ; Edmond LOCARD ; A. MARIOTTE ; Marc MATHIEU ; Edouard MILLIOZ ; Antoine SALLÈS ; Jules SAUERWEIN ; Joseph TARDY ; Georges TRICOU ; Jean Vallas ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI.

WAGNER
et les Théâtres Allemands

(suite)

De quelque côté que je me tourne, je constate au contraire que partout c’est Wagner qui continue à tenir victorieusement l’affiche. Ahuris et déconcertés, d’abord, en face de ce Titan comme en face de toutes les conditions et de tous les pays, ceux du nouveau aussi bien que de l’ancien monde, ont fini par se laisser conquérir par la grandeur et la beauté souveraines qui se dégagent de son œuvre. Je ne citerai pas à M. Lalo, parce que je sais que les Parisiens ont coutume de la tenir en assez piètre considération, l’exemple de notre ville de Lyon, où les drames lyriques de ce compositeur, intégralement représentés pour la première fois en France, sont plus en faveur que jamais, et qui, au printemps dernier, a couronné, par deux cycles complets du Ring du Niebelung, l’effort artistique de plus de dix années que cette tâche lui a coûté. Mais je vois que l’Amérique a fait un succès triomphal à l’audacieuse entreprise tentée par M. Conried dans Parsifal. Je vois qu’à Bruxelles, c’est avec les Maîtres-Chanteurs de Nurenberg, que vient de se faire la réouverture de la Monnaie, qui est si je ne me trompe, un des théâtres les plus estimés de l’Europe. En Allemagne, d’où j’arrive, je voix que deux scènes incomparables, celle de Bayreuth et celle du Prinz-Regent de Munich, exclusivement réservées au répertoire de Wagner, regorgent chaque année d’une foule de plus en plus nombreuse d’auditeurs, enthousiastes et recueillis. Et, à Vienne, où je m’étais rendu à l’occasion du récent congrès de la Presse, j’ai pu assister encore à une partie du cycle que, dans une série de soirées échelonnées du 28 août au 21 septembre, l’Opéra donnait exceptionnellement cette année, et devant des salles combles, de l’œuvre complet de Wagner, depuis Rienzi jusqu’au Crépuscule des Dieux. Si c’est de semblables indices que M. Lalo déduit les symptômes d’un désenchantement prochain à l’égard de Wagner, je me demande à quoi il mesure le succès, et ce qu’il exigerait de plus pour avouer que le maître de Bayreuth n’a rien perdu de son prestige.

Il ne semble même pas que le public se soit aperçu des négligences que M. Lalo