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1re Année
No25
Mercredi 6 avril 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mercredi de chaque Semaine, du 15 Octobre au 1er Mai

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Jean VALLAS ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI
LIEDER FRANÇAIS
(suite)

Charles BORDES

M. Bordes est certainement l’un des hommes les plus occupés de France : tour à tour maître de chapelle, organiste, professeur de chant, impresario, ce musicien d’une extraordinaire activité trouve encore le temps de se livrer à la composition, et d’écrire de délicieux Lieder, auxquels nous sommes heureux de consacrer quelques lignes trop brèves. Certaines de ces œuvres ont déjà plusieurs années d’existence, mais Bordes avec cette belle insouciance pour le succès personnel qui le caractérise, se préoccupait beaucoup plus de propager la connaissance des grandes œuvres polyphoniques du xvie siècle ou des cantates religieuses de J.-S. Bach que de publier ses productions et de forcer la résistance des éditeurs. Ce n’est que tout récemment que les mélodies du jeune compositeur ont été gravées par le bureau de l’Édition Mutuelle de la Schola Cantorum, c’est-à-dire en partie aux frais de l’auteur, des adhérents et de généreux souscripteurs.

Charles Bordes est né à Vouvray (Indre-et-Loire), le 12 mai 1863, d’un père ardennais et d’une mère tourangelle. Il eut pour professeur César Franck, et fit preuve, dit-on, comme élève, d’une précocité peu commune. Il produisit avec facilité, mais la plupart de ses œuvres de jeunesse ont été détruites. Nommé en 1887, maître de chapelle à Nogent-sur-Marne, il tint cet emploi pendant trois ans ; en 1890, il vint l’exercer à Paris, en l’église Saint-Gervais. « C’est de cette époque que datent les premiers efforts de restitution des chefs-d’œuvre musicaux religieux dans cette église. Élève de César Franck, Charles Bordes n’avait pas appris à connaître les primitifs religieux, car, à cette époque, ils n’étaient guère connus en France, et aucun cours de composition n’enseignait leurs œuvres. Mais, à défaut de leur connaissance, C. Franck communiqua à son élève le don de les aimer et un peu du saint enthousiasme dont son âme débordait. » Charles Bordes pénétra dans l’église et « fut saisi par la hardiesse de la nef, entrevue derrière l’autel par une journée basse et pluvieuse de mars, qui laissait errer sous la voûte des vapeurs violettes. » Quel beau vaisseau pour faire de la musique ! » s’écria-t-il. Dès lors, la vieille âme de la pierre avait parlé à l’âme de l’artiste, et, de