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revue musicale de lyon

les voix séparément d’abord puis ensemble redisent avant de se séparer sur le dispersit de jeter ironiquement le mot superbos exclamation brève qui s’oppose à la majesté du court et magnifique adagio mente cordis sui ; les airs du ténor et de l’alto ; le très pur trio pour voix de femmes qui précéde le beau chœur fugué sient locutus est ; enfin le Gloria grandiose, conclusion splendide de l’œuvre, tout, en dépit d’une très grande difficulté d’exécution, fut interprété avec une parfaite correction et aussi avec beaucoup de chaleur, de sentiment et de style.

Cette exécution du Magnificat que l’on peut considérer comme une première audition à Lyon, était précédée d’un programme important interprété uniquement par des amateurs qui tous manifestèrent des qualités de voix et d’intelligence musicale qu’envieraient bien des artistes professionnels haut cotés. Citons le Chant élégiaque à quatre voix de Beethoven, si grand et si noble, des quatuors de Brahms, le duo de Ruth de César Franck, d’une pureté de lignes et d’une intensité d’expression admirables et diverses pièces religieuses de Bach et de Hændel.

Le piano d’accompagnement était très bien tenu par M. Hippolyte Boucherle.

C.

Œuvre de Mimi-Pinson

On vient de fonder à Lyon une œuvre dont la portée morale ne saurait échapper à personne, car elle a pour but de rassembler, chaque dimanche, de 10 heures à 11 h. 1/2 du matin, les employées et ouvrières lyonnaises dans les locaux du Conservatoire de musique, obligeamment mis à la disposition du Conseil d’administration par la municipalité lyonnais, de leur apprendre qu’il existe dans les mélodies populaires issues du sol de la belle France, des œuvres aussi captivantes que saines ; d’éloigner ces jeunes filles du répertoire inepte et souvent obscène des cafés-concerts et enfin, par une progressive initiation les amener à pénétrer la pensée des maîtres, et apprécier tout ce que leurs œuvres renferment de grandeur sereine et des majestueuses beautés.

Cette Œuvre lyonnaise de la chanson populaire est placée sous le patronage de M. le Maire de Lyon et la présidence de MM. Gustave Charpentier et Ernest Garnier.

Le Comité recevra avec reconnaissance les souscriptions de toutes les personnes qui s’intéressent à l’éducation populaire, il enregistrera aussi, tous les dimanches, à partir du 27 mars courant, de 9 heures à 10 heures du matin, 21, rue Cavenne, les adhésions de toutes les personnes désireuses de suivre les cours, qui, est-il besoin de le dire, sont absolument gratuits.

Les souscriptions sont reçues au Crédit Lyonnais au compte de l’Œuvre lyonnaise de la chanson populaire, la correspondance d’intérêt général devra être adressée au président M. E. Garnier, 50, rue Boileau et enfin les lettres administratives à M. Piot, secrétaire général, 9, cours Morand.


BIBLIOGRAPHIE

Cours d’harmonie, par Daniel Fleuret[1]

Le Cours d’Harmonie que vient de publier Daniel Fleuret a trois qualités maîtresses qui semblent les plus naturelles dans un ouvrage de ce genre et qui en font cependant l’antipode de la plupart des livres auxquels nous sommes habitués : il est concis, clair et logique.

L’auteur en effet adopte une ligne de conduite dont il ne se départit pas : faire comprendre au lecteur le pourquoi de chaque règle. L’harmonie lui est apparue comme une science mathématique, démontrable, déductive, et au lieu d’asséner à l’élève des principes absolus, qu’il lui faut apprendre par cœur, il lui fait saisir la raison d’être de toute loi énoncée : une telle éducation nous préservera peut-être des musiciens qui récitent de tête l’énumération des cadences ou des renversements sans avoir jamais soupçonné pourquoi ceux-là existent et pas d’autres.

Nous relèverons dans la méthode employée par Daniel Fleuret deux choses qui nous ont paru excellentes, c’est d’abord sous les noms de Démonstration’’ou d’Explication, le raisonnement qui suit chaque paragraphe didactique

  1. 1 vol. gr. in-8o broché. Lyon, Janin frères, 1904.