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revue musicale de lyon

Voici terminée cette bien incomplète et pourtant trop longue étude. Elle eût singulièrement gagné en clarté à être accompagnée du texte des phrases musicales dont il est question. L’auteur s’est abstenu de toute citation dans la crainte d’abuser de l’hospitalité que la Revue Musicale de Lyon lui avait pourtant largement offerte. Il ne se dissimule pas que la lecture de nombreux passages a dû paraître aussi peu compréhensible que celle d’un ouvrage de géométrie qui serait dépourvu de figures. Seules les personnes qui possèdent ces sonates absolument par cœur ou celles qui aurait eu la bonté d’âme de recourir à la partition, ont pu se rendre un compte exact de tout ce qui a été écrit.

Le seul but de cette étude a été d’indiquer les beautés les plus saillantes de ces sonates, à la façon dont un guide Bædecker signale les monuments remarquables d’une ville intéressante. En feuilletant un Bædecker on se sent pris du vif désir d’explorer telle contrée plutôt sèchement décrite. Puisse la lecture de cette aride étude inciter un plus grand nombre d’amateurs à étudier à fond, jouer et rejouer ces admirables sonates. Ils se procureront d’ineffables jouissances artistiques.

Ces dix sonates forment à peine la dixième partie de l’œuvre gigantesque de Beethoven.

Quelle place doit-on lui assigner parmi les œuvres du Maître ? Une fort honorable mais qui n’est pas la première. Elles doivent céder le pas aux trente-deux sonates pour piano seul, aux dix-sept quatuors à cordes, aux neuf symphonies. Et voici pourquoi : La troisième manière, la plus belle, n’est pas représentée dans les sonates pour piano et violon. Les sonates pour piano, les quatuors, les symphonies comptent des œuvres de la troisième manière.

Et pourtant les dix sonates pour piano et violon suffiraient à immortaliser un compositeur.

Les très belles sonates qu’a produite l’école moderne n’ont pas encore éclipsé celles de Beethoven. Tant qu’un pianiste et un violoniste s’associeront pour faire de la musique, les dix sonates qui viennent d’être étudiées feront le fond de leur répertoire.

Beethoven est un des plus grands génies dont l’humanité puisse s’enorgueillir. Dans le domaine de la musique pure, il n’a pas jusqu’ici été égalé, encore moins surpassé.

Paul Franchet.


Musiques d’Église

(suite)

Les neumes ont pour élément constitutif, le signe même de l’accent dans le discours, aigu ou grave. Le choix de ces accents, comme éléments constitutifs d’une notation, était assez naturel, à cause de l’affinité qui existe entre la musique et la parole ; en parlant, on élève la voix sur certaines syllabes ; rien d’étonnant, par suite, qu’on se soit servi, pour noter les mélodies qui s’élèvent ou s’abaissent, des signes qui indiquaient l’élévation ou l’abaissement de la voix dans le discours. Les syllabes sur lesquelles on élevait la voix étaient marquées de l’accent aigu et celles sur lesquelles on la baissait ou on la tenait stationnaire, d’un accent grave. Quand une syllabe portait plusieurs notes, l’accent aigu et l’accent grave se combinaient et se soudaient, le grave devenait, dans l’écriture, un simple point, quand il était seul, et en prenait le nom, punctum, l’aigu s’appelait virga. Voici un exemple de cette notation primitive par accents combinés, comparée à la notation grégorienne et à la notation musicale moderne.