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Reyer avec quelques-uns des interprètes de Bruxelles. Mme Caron, Renaud et Vergnet gardaient leurs rôles. Taanach était chantée par Mlle Vincent, Mathô par Saléza qui fut excellent, Narr Hâvas par Delmas et Spendius par G. Beyle.

Nous allons résumer en quelques lignes la donnée scénique de Salammbô. On verra à quel point elle diffère du récit du romancier.

Premier acte. — Les mercenaires embauchés par Carthage n’ont pas été payés. Ils dînent dans les jardins d’Hamilcar. Le festin dégénère rapidement en orgie. Les soldats délivrent les esclaves enfermés dans l’ergastule, et pillent le palais du Sufféte. La fille d’Hamilcar, Salammbô, qui s’est consacrée au culte de la déesse Tânit reproche aux mercenaires leurs excès. Leur chef Matho, s’éprend de la jeune fille, mais il va quitter Carthage, conduisant ses soldats révoltés contre la ville.

2me acte. — Des prêtres célèbrent les mystères de Tânit. Matho guidé par Spendius pénètre dans le temple et vole le Zaïmph, le manteau sacré de la déesse. Il rencontre Salammbô qui maudit le ravisseur.

3me acte. — Le Conseil des anciens s’assemble et charge Hamilcar de poursuivre les révoltés. Un autre tableau nous montre Salammbô rêvant sur sa terrasse, tandis que les colombes quittent Carthage pour gagner la Sicile.

4me acte. — Salammbô vient au camp des mercenaires pour reprendre le Zaïmph. Elle y parvient en effet grâce à Matho, à l’amour duquel elle cède, et à qui elle ravit le voile pendant qu’il part au combat. Un changement de décor nous fait assister à la défaite des mercenaires.

5me acte. — Matho et Spendius vont être suppliciés. Salammbô qui doit frapper Matho de sa propre main, se donne la mort à elle-même, et tombe sur le corps de son amant.

Telle est, ramenée à un schème squelettique, l’action de Salammbô. Notre prochaine chronique sera consacrée à l’analyse thématique de cette œuvre, et à l’interprétation qu’elle aura reçue au Grand-Théâtre.

Edmond Locard

À propos de "MIGNON"


Ainsi que nous l’annonçons d’autre part, le Grand-Théâtre reprendra jeudi Mignon, l’œuvre célèbre d’Ambroise Thomas.

Il est permis d’avoir des opinions bien diverses sur cet ouvrage si connu. Pour un grand nombre d’amateurs, Mignon est un pur chef-d’œuvre, mais de bons esprits estiment que cet opéra-comique ne présente guère qu’un intérêt historique. Il nous paraît intéressant de reproduire ici un fragment d’un prospectus-programme distribué l’an dernier par un directeur de tournées théâtrales dans plusieurs villes de province.

« Le libretto aurait pu vivre sans musique, mais le Maître français a voulu sertir sur ce tableau merveilleux (pour ne pas rester en arrière du poète allemand) des gemmes nombreuses et rutilantes qui en font une œuvre admirée par tous.

« Car c’est la vraie musique française, la musique idéale, sans cuivres formidables comme la musique d’aujourd’hui (musique sublime, paraît-il, mais pour les savants en harmonie seulement).

« Qui donc au sortir de la Walkyrie, de Lohengrin et de Henry viii (autre école) pourrait fredonner un air ?

« Je ne crois pas qu’ils soient nombreux. Quel souvenir en reste-t-il ? Un vacarme assourdissant. Non, rien ne détrônera jamais la mélodie et les ouvrages applaudis par nos pères. »

Notre collaborateur théâtral nous dira dans le prochain numéro ce qu’il pense de cette respectable opinion.

Notre premier numéro paraissant exceptionnellement le Lundi, nous ne pouvons publier le compte rendu des concerts Lamoureux et Colonne du dimanche 18. À partir de mardi prochain, nos lecteurs trouveront, dans la Revue l’article hebdomadaire de notre correspondant de Paris relatant les différents concerts du dimanche et les premières représentations de l’Opéra, de, l’Opéra Comique et du Théâtre Lyrique.