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ritions intermittentes à l’Opéra-Comique, était en dernier lieu à Lille.

M. Rouard, qu’on nous a dit doué d’un organe superbe de baryton, est Niçois, et s’appelle Roux, de son vrai nom ; n’a chanté jusque là qu’à l’Opéra de Nice et à la Villa des Fleurs d’Aix-les-Bains.

M. Bruinen, basse-chantante, nous vient de Rouen.

Mme Charles Mazarin a d’abord débuté à l’Opéra où elle a chanté Aïda et Faust ; est passée ensuite à l’Opéra-Comique, où elle a débuté dans Louise, puis a chanté Angèle du Domino noir ; était l’an dernier à Marseille, où elle réussit brillamment.

Mlle Marguerite Claessens a fait longtemps partie de la troupe de la Monnaie, où elle a notamment créé une des filles du Rhin, dans l’Or du Rhin, en 1898, en compagnie de Mlle Milcamps.

Mlle Davray qui prend une succession particulièrement délicate, celle de Mme Bréjean-Silver, est restée quelque temps à l’Opéra-Comique, où elle débuta dans Lakmé, était l’an dernier à Nancy où elle a créé Louise.

Mme Torrès est aussi passée par l’Opéra-Comique, où elle a débuté dans Manon ; nous vient du Théâtre de Lille, où elle a épousé, l’hiver dernier, le ténor Buysson.

Mlle Hendricks, contralto, nous arrive directement de l’Opéra de Nice, où elle était très appréciée, autant pour son talent que pour sa grande beauté.


SALAMMBO

Opéra en 5 actes de C. du Locle, musique de E. Reyer

Le Grand-Théâtre rouvre ce soir ses portes avec la création à Lyon de Salammbô. Je ne parlerai pas aujourd’hui de la musique de cette œuvre, me réservant d’en donner, dans un prochain article, un compte rendu détaillé, mais je veux rappeler simplement dans quelles conditions elle fut écrite et représentée.

Le roman de Flaubert ne semblait guère destiné à fournir le sujet d’un drame lyrique. Ces monotones descriptions de bataille, ces détails à perte de vue sur les mœurs carthaginoises effaçant les personnages et allanguissant l’action en font une œuvre didactique au

premier chef, insuffisamment mouvementée et nullement lyrique. C’est cependant Flaubert lui-même qui conçut le projet d’en tirer un libretto. Il fit mieux puisqu’il écrivit de sa propre main (le manuscrit a été conservé par M. Spoëlberch de Lovenjoul) le plan de l’opéra, dont il voulait confier la rédaction définitive à Théophile Gautier et la partition à Verdi. Gautier mourut sans avoir écrit quoi que ce soit de l’œuvre projetée. Flaubert choisit alors comme collaborateur Catulle Mendès, et Verdi ne voulant décidément pas de ce sujet, on songea à Reyer qui accepta.

Mendès se faisait attendre, occupé par d’autres travaux, et peu enthousiaste, semble-t-il, du schéma qu’on le forçait à suivre. Flaubert impatienté, se retourna, sur le conseil de Reyer, vers Camille du Locle, qui avait déjà collaboré avec Blau à la confection du livret de Sigurd.

Le libretto prêt, Flaubert mourut. Reyer remit à plus tard la composition de Salammbô, à peine commencée. Sigurd n’avait été accepté nulle part en France, et Reyer se promit de ne faire jouer ces œuvres que dans l’ordre où elles avaient été composées. Aussi, après le grand succès de Sigurd, Salammbô fut-elle présentée à l’Opéra. Le départ de Mme Rose Caron pour la Monnaie de Bruxelles entraîna le retrait de l’oeuvre qui, du reste, n’avait pas été mise en répétition.

Le 10 février 1890, Salammbô passa enfin à la Monnaie. La première représentation fut un triomphe. L’interprétation était d’ailleurs parfaite. Voici comment les rôles étaient distribués : Salammbô, Mme Rose Caron ; Taanach, Mlle Wolf ; Mathô, M. Sellier ; Hamilcar, M. Renaud ; Schahabarim, M. Vergnet ; Narr Hâvas, M. Sentein ; Spendius, M. Bouvet.

Le Grand-Théâtre de Lyon ne voit pas figurer Salammbô pour la première fois sur son répertoire. Dans la saison 1889-90, cette oeuvre fut distribuée, et la première représentation devait avoir lieu quelques jours après la création à Bruxelles. L’épidémie d’influenza fit remettre la première. Elle n’eut pas lieu. Et c’est treize ans plus tard qu’on songe à la reprendre.

Le 16 mai 1892, l’Opéra où venait d’avoir lieu l’échec du Mage, reprenait l’œuvre de