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ÉPIMÉNIDE DE CRÈTE

CONTE ANTIQUE


En ce temps. Solon était jeune et n’avait pas encore donné des lois à son pays. Athènes souffrait de dissensions continuelles. À ce mal il vint s’en joindre un plus cruel. Les dieux irrités du meurtre des complices de Cylon, tués près de l’autel des Euménides, où ils avaient cherché un refuge, envoyèrent la peste sur la ville. Ce fut en vain que les Athéniens exilèrent les Alcméonides, auteurs du aime ; en vain ils prodiguèrent les sacrifices et les invocations, le fléau étendit ses ravages. Le malheur rend superstitieux. L’esprit ^ein d^étranges frayeurs, ils se crurent voués à la mort ; il leur semblait que des fantômes avaient déjà envahi la ville condamnée. Dans cette extrémité, ils consultèrent l’oracle, qui leur ordonna de faire venir de Crète le sage Épiménide. Cet homme pieux vivait dans la retraite ; il n’en sortait que pour secourir ceux qui invoquaient son aide. Un nuage religieux couvrait sa vie, qui ne se révélait que par des bienfaits. Il vint à Athènes, et sa seule présence calmant les esprits dissipa les terreurs insensées.

Il prescrivit de rendre les funérailles plus simples, d’en retrancher la pompe des sacrifices qui multipliaient et prolongeaient l’image de la mort ; il interdit aux femmes les violents transports de douleur, les bruyantes supplications devant les autels, il voulut enfin que la modestie régnât même dans le deuil et les cérémonies. Il purifia ensuite et sanctifia la ville avec des prières et des lustrations. Discernant dans sa clairvoyance prophétique l’homme le plus capable d’achever par les lois ce que lui-même commençait par la religion, il donna son amitié à Solon, et prépara les Athéniens à le recevoir pour législateur. La ville s’étonna d’être revenue si vite