s’il n’existe pas d’autres liens de relation entre nous que ces rayons lumineux que s’envoient mutuellement nos demeures ? Savez-vous si l’unité et la solidarité de la création ne nous touche pas chacun de nous, atomes pensants, et si nous ne devons pas nous rencontrer quelque jour et nous reconnaître ? Avez-vous appris si nos premiers pères n’étaient pas frères avant de descendre sur chacune de nos patries et d’y établir le berceau d’autant de familles humaines ? Dites-nous vers quel point nous sommes tous emportés, planètes et soleil ; quel lieu de repos nous cherchons à travers les espaces, et quelle est cette dernière demeure où nous devons nous réunir ? »
Si, de l’analogie qui existe entre les planètes et la terre, il est téméraire
de conclure que les unes soient habitées comme l’autre, il ne l’est pas
moins de conclure, des différences qu’il est possible de reconnaître entre
elles, que les planètes ne sont pas habitées, quand la terre l’est ; il n’en
faut rien conclure, si ce n’est que la pluralité des mondes, en même
temps qu’elle entraîne la pluralité des existences, entraîne la pluralité des
conditions de l’existence. Mais y a-t-il plusieurs existences comme il y a
plusieurs mondes, et les astres sont-ils habités par une humanité collective
qui peuple l’univers ? Ce n’est plus là une question d’astronomie, c’est une
question de philosophie, et qui ne se peut résoudre qu’en vertu de principes
d’un autre ordre, tels que le principe de la raison suffisante, ou le
principe des causes finales, si mal à propos décrié ; étranger à la physique,
je le veux, mais non à l’histoire naturelle, ni à la science générale
du monde, il appartient à la philosophie de le rétablir en sa place et en
son honneur. Or, il est impossible de ne pas apercevoir, pour peu qu’on
entende ces principes, que les astres sont des mondes destinés à servir
de demeures à des êtres raisonnables, unis entre eux par une commune
raison, par une commune origine et une commune fin, par d’autres liens
encore inconnus. M. Flammarion consacre à défendre cette simple thèse
qui, si nous étions moins aveuglés par nos préjugés n’aurait besoin que
d’être énoncée pour être admise aussitôt, une véritable science jointe à
une abondance d’images, à une chaleur, parfois à un souffle oratoire,
trop rares chez les savants. J.-E. Alaux.
Quand un homme qui a voué sa vie à la science vient livrer au public le résultat de trente années de labeurs et de réflexions, il mérite certainement qu’on accorde à son œuvre une attention plus sérieuse qu’à la plupart des nouveautés du jour, produits de l’imagination ou de la compilation, dont le succès est assuré d’avance par le goût du siècle ou par la raison commerciale qui se charge du placement. — Écrire l’histoire de la comédie depuis son origine jusqu’à nos jours est une tâche qui présente autant de difficulté que d’intérêt. Pour l’entreprendre, il fallait se sentir les reins forts. Les études littéraires offrent un côté dangereux ; on s’ima-