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D I A L O G V EI.

au pré aux clercs, & par les places de Paris, auec des piſ‍toles & harquebuzes à l’arçõ de la ſelle, cõtre les deffenſes du port des armes : à quoy quelqu’vn du conſeil reſpondit, que ce pouuoyent eſ‍tre quelques vns qui ſe preparoyent & s’exercoyent pour la reueuë, qui ſe deuoit faire, pour la recreation de la cour.
Le vendredi 22 iour d’Aouſ‍t au matin, fut tenu conſeil au Louure, pour remedier aux plainc‍tes des Huguenots (Monſieur frere du Roy qui y preſidoit, s’eſ‍tant leué & ſorti pluſ‍toſ‍t que de couſ‍tume) l’Amiral, qui y eſ‍toit pareillemẽt, ſortit auec les autres ſeigneurs du conſeil : & comme il alloit en ſon logis, ayant trouué le Roy qui ſortoit d’vne chappelle qui eſ‍t au deuant du Louure, le ramena iuſques dans le ieu de paulme (où le Roy, & le duc de Guyſe ayant dreſ‍ſé partie, contre Teligny & vn autre gentilhõme, & ioué quelque peu) l’Amiral en ſortit pour s’en aller diſner à ſon logis, accompagné de douze ou quinze gentilshommes, entre leſquels i'eſ‍toy’ : il ne fut point cent pas loin du Louure, que d’vne feneſ‍tre ferree, du logis (où logeoit ordinairement Villemus precepteur du duc de Guyſe) luy fut tiree vne harquebouzade auec trois balles, ſur le poinc‍t qu’il liſoit vne requeſ‍te (allant à pied par la rue) l’vne des balles luy emporta le doigt indice de la main droite : de l’autre balle, il fut bleſ‍ſé au bras gauche près du carpe, & ſortit la balle par l’olecrane.
Lorsqu’il fut bleſ‍ſé, le ſeigneur de Guerchy

eſ‍toit à ſon coſ‍té droit, d’où luy fut tiree l’arque-,

bouzade,