la mort-Dieu, Madame, ce répliqua il, ie les vous
mettray tous au filé, ſi vous me voulez laiſſ er
faire.
Vous vous trompez, ſi vous croyez qu’vn Roy
ou Prince permette iamais, que ſon vaſſ al ou ſuiet,
qui s’eſt vne fois eſleué en ligue contre ſa volonté
(pour quelque occaſion que ce ſoit, iuſt e ou
iniuſt e) vſe & iouiſſ e de la faueur des loix. Penſez
pluſt oſt que cecy eſt engraué dãs le cœur des rois
& des Princes, de venger par les armes, ce qu’ils
eſt iment auoir eſt é fait contr’eux par les armes.
Faites voſt re compte, que ce que les Rois &
Princes (qui ne regardent à la conſciẽce) penſent
auoir fait par crainte ou neceſsité, ils ſe diſpenſent
de le rompre, ſoudain que l’vne ou l’autre de
ces deux occaſions ceſſ ent : & tienent pour maximes
d’eſt at, qu’il ne faut point garder les conuentions,
faites par le prince, à ſes ſuiets armez : Que
pour regner, il eſt loiſible de violer la loy, & que
lon peut piper les enfans auec paroles & promeſſes,
& tromper les hommes auec des iuremens
ſolennels. C’eſt leur caballe : ce ſont leurs loix inuiolables,
qu’ils n’oſent outrepaſſ er, ſe ſouciant
biẽ peu ou rien, de la force faite à toute autre loy,
ſoit diuine, naturelle, ciuile, des gens, ou municipale
pour eſt re (ce diſent ils) ennemie de leur repos,
eſt at, & grandeur.
Voicy quelque traict & exemple, de leurs plus
rares vertus.
Antonin Commode, faiſant par fois treues auec
ſes voluptez, eſquelles il eſt oit du tout plongé,
pour employer le temps & fuir l’oiſiueté, va-