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D I A L O G V EI.

ſa mere, monftroyent deſirer que la royne de Nauarre, les princes de Nauvarre & de Condé, & l’Amiral vinſ‍ſent à la cour : afin que mettans à part toute desfiance, ils receuſ‍ſent de luy le bon viſage & accueil qu’il eſ‍toit preſ‍t de leur faire. Quant au Roy, il deſiroit ſur toutes choſes, s’allier le prĩce de Nauarre, qu’il aimoit autãt que ſon propre frere : diſant qu’il luy vouloit donner ſa ſœur en mariage : S’aſ‍ſeurant, qu’outre ce que ce ſeroit vn rafreſchiſ‍ſement des ancienes alliances de la maiſon de Nauarre, à celle de Valois, & vn teſmoignage de l’affec‍tion cordiale, que le Roy, la Royne ſa mere, & meſsieurs ſes frères portoyent à la royne de Nauarre, & au prince de Nauarre ſon fils : ce ſeroit auſsi vn certain moyen d’aſ‍ſeurer & appaiſer à iamais l’eſ‍tat de la France, & oſ‍ter aux Huguenots tout ſoupçõ qu’on leur vueille doreſenauant nuire. Partant, le Roy, & la Royne mere, prioyent affec‍tueuſement les deputez, d’aſ‍ſeurer en toutes ſortes la royne de Nauarre, les Princes, & l’Admiral, de leur bonne volonté, & procurer que bien toſ‍t le Roy les peuſ‍t voir en ſa cour. Les deputez, treſaiſes de voir ce qu’ils n’auoyent iamais cuidé, & d’ouyr ce qu’ils n’auoyent iamais eſperé, reſcriuoyent bien ſouuent & quelquefois aucun d’eux alloit à la Rochelle, par deuers la royne de Nauarre, les Princes, & l’Admiral, leur racontans merueilles des langages, façons, & affec‍tions du Roy enuers eux. Le Mareſchal de Mont-morẽcy, & ſes freres couſins de l’Amiral, faiſoyent auſsi tout le deuoir à eux poſsible, pour aſ‍ſeurer & teſmoigner la volonté du