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D I A L O G V E.

adheré à ceux de Lorraine, la guerre ne fuſ‍t point nee, ny ſortie ſi auant, ne ſi aſprement qu’elle fit depuis : mais ie ſuis certain que la Royne mere (qui auoit faic‍t tomber le gouuernement du Roy & du Royaume entre ſes mains) ſe doutant, ſi les Princes & les grans du Royaume eſ‍toyẽt vne fois bien d’accord, qu’elle en ſeroit deſarçonnee, vſa de ſe moyen de deſunion, preſ‍tant ſa conſcience & authorité aux deux partis, pour les tenir en diſcorde, les affoiblir par leurs mains propres, & ſe conſeruer par ceſ‍t artifice apres les coups ruez au gouuernement du Royaume.
L’hiſ‍t. Ie le croy : mais tant y a, que la guerre print vn tel traic‍t, les vns & les autres ayans tantoſ‍t du bon, tantoſ‍t du mauuais : que finalemẽt apres pluſieurs prinſes, & pertes de villes de tous les deux coſ‍tez, le prince de Cõdé fut fait priſonnier, en vne bataille qui luy fut liuree pres de Dreux : le Conneſ‍table de l’autre coſ‍té y fut auſsi prins par les Huguenots, le mareſchal ſainc‍t André tué, & peu apres le roy de Nauarre deuãt Rouen, & le duc de Guyſe deuant Orléans, dont s’enſuyuit la paix tant deſiree par les Huguenots, que la neceſsité de ſe defendre, comme i’ay dit, auoit armez : auſquels de nouueau par Edic‍t ſolennel, fait par le Roy, ſa mere, & ſon conſeil, ſur la pacification de ces troubles, au mois de Mars, 1562. fut accordee liberté de conſcience, & exercice de leur religion dans les villes où pour lors ils faiſoyent preſcher, & en beaucoup d’autres lieux du Royaume. Tout ce qu’ils auoyẽt fait en ces

guerres fut déclaré auoir eſ‍té fait pour le ſeruice du

Roy,