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D I A L O G V EI I.

luy obeir & ſe fier tant de luy que de luy donner quelque auantage (ie ne ſcay ſi ce ſera ſageſ‍ſe de l’oſ‍ter de là où il faiſoit bien pour l’auancer en vn lieu où il pourra mal faire) mais il ne peut faillir d’y auoir de la bonté du coſ‍té de ceux qui l’eſleuent, de ne craindre point mal de celuy de qui on n’a receu que bien.
Mais bon Dieu ! Que peut eſ‍tre cela ? Comment pourrons-nous dire que cela s’appelle ? Quel mal heur eſ‍t celuy la ? Quel vice ? ou pluſ‍toſ‍t, quel mal-heureux vice ? voir vn nombre infini de perſonnes, non pas obeir, mais ſeruir, non pas eſ‍tre gouuernees, mais tyranniſees : n’ayant ni biens, ni parens, ni femme, ni enfans, ni leur vie meſmes qui ſoit à eux. Souffrir les paillardiſes, les pilleries, les cruautez, non pas d’vne armee, non pas d’vn camp Barbare, contre lequel il faudroit deſpendre ſon ſang & ſa vie, mais d’vn ſeul, non pas d’vn Hercule, ne d’vn Samſon, mais d’vn ſeul hommeau le plus laſche & femelin de toute la nation. Non pas accouſ‍tumé à la poudre des batailles, mais encores à grand peine au fable des tournois. Non pas qui puiſ‍ſe par force commãder aux hommes, mais tout empeſché de ſeruir vilemẽt à la moindre femellette. Appellerõs-nous cela laſcheté ? Dirons-nous que ceux-la qui ſeruent à vn ſi laſche tyran ſoyent couars & recreuz ?
Si deux, ſi trois, ſi quatre ne ſe defendent d’vn, cela eſ‍t eſ‍trange & poſ‍ſible pourra-l’on biẽ dire

lors à bon droit que c’eſ‍t faute de cœur. Mais ſi

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