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D I A L O G V EI I.

ſon mal talent : qu’il eſ‍toit aiſé à iuger que ſa Maieſ‍té eſ‍toit eſmeue.
Ventre-Dieu, ce dit le tyran, & qui ne ſeroit en cholere ? d’ouyr ce bougre de Briquemaut, (ainſi appelle-il le plus ſouuent les gens de bien) me brauer & me menacer que ie ſuis pour rentrer en guerre, ſi ie ne punis ceux de la ville de Rouen.
Hé Sire, reſpond Lignerolles, & ne pourriez vous attendre ſans tant vous faſcher de ces choſes, l’aſ‍ſaut & deffenſe du fort.
Or cela diſoit Lignerolles penſant rappaiſer le tyran, & luy voulant faire ſentir qu’il auoit eu part au Conſeil : ſe mõſ‍trant par là auſsi ſot, qu’il ſe cuidoit eſ‍tre habile.
Le tyran l’entendant ainſi parler, ſe doutãt d’eſ‍tre deſcouuert : Quel fort, repliqua-il, mort-dieu ie ne ſcay que vous voulez dire. Le fort Sire, dit Lignerolles, du iour des noces que ſcauez.
Le tyran en ayant ouy plus qu’il n’euſ‍t voulu, changeant de propos, renuoya Lignerolles, qui s’auiſa poſsible bien tard qu’il auoit vn peu trop parlé.
Soudain apres le tyran ayant mandé ſa mere, luy demanda s’elle auoit deſcouuert leur pot aux roſes, que par le ſang quelqu’vn en auoit ia parlé. Mais trouuant que ſa mere n’en auoit rien decelé, il fit venir le comte de Rets, auquel d’abordee il va dire : Petit vilain, par le ſang Dieu, ie t’ay fait trop grand, petit beliſ‍tre : mais ie te feray bien ſi petit, qu’on ne te verra pas ſur terre :