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D I A L O G V EI I.

dit, d’vne pierre deux galands coups, deliurant ſoy & ſa patrie de ce monſ‍tre pernicieux, & mettant le duc en ſa place : maintenant que l’autre eſ‍t bien loin. Autrement ceſ‍t fait de la Mole : le tyran iamais ne pardonne à pas vn de ceux qui le faſchent, quelque mignon de cour qu’il ſoit. Et ie t’en diray vne preuue que poſsible tu ne ſcay pas.
L’hi. Ie t’en ſupplie. Ie ſuis tout preſ‍t de t’eſcouter, ſi c’eſ‍t quelque preuue nouuelle qui puiſ‍ſe ſeruir à l’hiſ‍toire.
Le pol. Ce que ie te veux dire, n’eſ‍t pas nouueau à quelques vns qui me l’õt dit pour choſe ſeure. La plus part ignore le fonds de la trahiſon du tyran : & cecy me ſemble tout propre pour aider à bien l’eſclarcir.
Tu ſcay que Lignerolles fut tué à Bloys la cour y eſ‍tant, & que le bruit courut entre aucuns, que le roy de Pologne, qu’on appelloit lors Monſieur l’auoit fait tuer pour auoir deſcouuert au tyran vn paquet d’Eſpagne qui venoit à Monſieur, traitant de quelques intelligences ſecretes auec l’Eſpagnol.
Autres penſoyent que c’eſ‍toit ſimplement Villequier, qui pour deſmeller ſa querelle s’eſ‍tãt accompagné de ſes amis, auoit anticipé ſur Lignerolles luy en preſ‍tant vne dans le ſein.
Mais voicy la vraye occaſion de la mort de Lignerolles que i’ay apprins eſ‍tant en Cour, de la bouche d’aucuns des grands, qui cuidoyent que ie fuſ‍ſe encores Papiſ‍te.

Le tyran & ſa mere qui deſiroyent ſur toutes

choſes