Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
D I A L O G V EI I.

negociation de Pologne : que les Polonoys auec leſquels ils n’auoyent encores rien conclu eſ‍tans informez d’vne telle rigueur, s’en offenſeroyent grandement & ſeroyent bien gens pour rebroſ‍ſer leur chemin ſans vouloir paſ‍ſer outre à leur charge.
Cela, di-ie, fut cauſe que le tyran la ſigna, Dieu luy ayant par ſa prouidence fleſchy le cœur pour ce regard. Voila le moyen duquel Dieu importuné d’autre part par les prières des ſiens, & ayãt ſon honneur par maniere de dire engagé à leur conſeruation, s’eſ‍t ſeruy pour la deluirance de ces pouures Sancerrois. Et ne doute point auſ‍ſi que les nouuelles de la venue des Polonois, dés lors qu’elles furent entendues à la Cour du tyran, & au camp deuant la Rochelle, comme ie t’a y dit, n’ayent eſ‍té aucunement cauſe de faire leuer le ſiege & d’accommoder les affaires de nos freres de la Rochelle.
L'hi. Ce ſont choſes merueilleuſes que les œuures de noſ‍tre Dieu. Et a y bien penſer, à vray dire, on ne ſe peut remettre à la memoire l’iſ‍ſue du ſiege de la Rochelle, de Sancerre, & du ſiege de Soimmieres, dont tu me parlois n’agueres, qu’on ne voye clairement & à l’œil que Dieu y a monſ‍tré & fait paroiſ‍tre : d’vne part l’innocence & iuſ‍tice des ſiens : & d’autre part par confequent l’iniuſ‍tice & infame deſloyauté de ſes ennemis. Car l’eſ‍tonnement des trahiſons & maſ‍ſacres ſi cruels & inopinez eſ‍toit plus que ſuffiſant pour faire perdre le cœur aux plus vaillans & aguerris.