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D I A L O G V EI I.

mee, ſes os hauis, cõme vn tiſon, fõ cœur frappé & ſeché ſemblable au Pelican du deſert, ou comme le hibou qui ſe tient es lieux ſauuages, ſemblable au paſ‍ſereau priué de ſa compagnie, qui ſe tient ſur la cime du toic‍t, le voir manger la cendre comme le pains & meſler ſon boire de pleurs.
Mais certes ſi nous ſommes enſeignez comme il appartient par la parole de Dieu, nous trouuerons que le Seigneur a logé les meſchans en lieux gliſ‍ſans pour les precipiter en ruyne, pour les deſ‍truire en vn inſ‍tant, & les conſumer d’vne maniere eſpouuantable.
Et d’autre part, nous voyons que Dieu encline ſon oreille au beſoin, à la clameur de ceux qui patiemment l’attendent, les tire hors du bourbier, les deliure des dangers, affermit leurs pieds, adreſ‍ſe leurs pas, & les loge ſur vn roc fort & aſ‍ſeuré. Nous verrons vn Elie, au temps de la plus grande famine nourry par les corbeaux, & & quelques fois par les Anges. Nous le verrons enuoyé à la vefue, qui n’a point de pain, ains ſeulemẽt pleine main de farine, & vn peu d’huyle, n’attendant que la mort. Nous le verrons nourry, la vefue ſuſ‍tentee, la farine, & l’huyle continuer à les nourrir,& ne defaillir nullement.
La main du Seigneur n’eſ‍t point abbregee, ſon bras n’eſ‍t point accourcy, le Seigneur eſ‍t le Roy qui ſeul peut tout ce qu’il veut, il ne permettra point, qu’vn cheueu de noſ‍tre teſ‍te tombe

en terre ſans ſa volonté, partant ne nous ef-

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