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D I A L O G V EI I.

la vie eternelle, iuſques au dernier ſouſpir de ceſ‍te-cy.
Les ſoldats, le Peuple, les femmes & iuſques aux petits enfans de la ville, qui ſuruiuoyent à la faim, languiſ‍ſans es trenchees, emmy les rues & dans les maiſons, ne ceſ‍ſoyent de tendre les mains au ciel, d’y eſleuer leurs yeux, attendans ſecours du treſ-haut.
Leurs miniſ‍tres faiſoyent vn ſingulier deuoir a les cõſoler, à les exhorter & encourager à bien faire, & à mieux eſperer. Leur remonſ‍trans : que combien que la conſpiration des ennemis s’eſ‍tendit iuſques à vouloir racler la memoire des bons de deſ‍ſus la terre, afin qu’il n’y euſ‍t que le ſeul regne des meſchans en vogue : que toutefois il en iroit tout autrement.
Que les Roys de la terre auoyent beau ſe mutiner, beau comploter, & s’eſleuer contre le Seigneur pour rompre & ſecouer ſon ioug, & pour ruiner ſon Egliſe : que celuy qui habite es cieux s’en rira : que le Seigneur ſe moquera d’eux, leur parlera en ſon courroux, & les eſ‍tonnera par ſa fureur, qu’il les caſ‍ſera par ſon ſceptre de fer, & les briſera comme vn vaiſ‍ſeau de potier. Qu’ils s’aſ‍ſeurent que la pierre, que Nabuchadonozor vit en ſonge couppee ſans mains, caſ‍ſera le fer, la terre, l’airain, l’argent & l’or de l’image & ſeront comme la paille que le vent emporte, & que ceſ‍te pierre deuiendra vne grande montagne, & remplira toute la terre, briſant tout autre Royaume, Principauté & hauteſ‍ſe, qui s’oppoſe au

Royaume eternel de Ieſus Chriſ‍t.

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