ville, fit breſche de cinq cens pas, & le ieudy deuant
Paſques, leur liura vn aſſ aut fort & rude,
duquel ſe voyant viuement & bien repouſſ é auec
ſa courte honte, & perte de bon nombre
des ſiens, comme l’hiſt oire, que ie te monſt reray,
en fait mention : il s’eſt contenté de les tenir
aſſ iegez, par le moyen de quelques forts & trenchees,
qu’il fit faire pour empeſcher les noſt res
de ſortir, & les viures d’aller à eux : s’aſſ eurant
par ce moyen, de les faire à la longue mourir de
faim.
Et en ceſt e façon, les a tenus de tous coſt ez
enfermez, ſans les aſſ aillir de plus pres, que de
la portee d’vn moſquet, depuis le mois de Mars
iusques au mois d’Aouſt dernier.
Durant lequel temps, ces bonnes gens ont
eu vne infinité de mal aiſé, de faim, de poureté &
diſette. Laquelle plus ils alloyent auant, plus
s’alloit augmentant, iuſques là, qu’ils ont
eſt é contrains de manger cuyrs, ſouliers, parchemins
bouillis, & autres telles eſt ranges
viandes.
Cependant, la parole de Dieu qui leur eſt oit
iournellement preſchee, nourriſſ oit leurs armes
en toute abondance.
Eux ſe voyans reduits en telle perplexité,
qu’ils n’attendoyent plus que la mort, prioyent
ſans ceſſ e le Seigneur pour leur deliurance.
Que ſi ſon bon plaiſir eſt oit, de les expoſer es
mains cruelles & barbares de leurs ennemis,
qu’il les fortifiaſt & raffermiſt de cœur, de corps
& d'ame en vne conſt ante foy & eſperance de