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D I A L O G V EI I.

pour luy empeſcher l’entrée.
Que ſi ce n’eſ‍t point le maiſ‍tre qui fait ceſ‍te violence : mais quelques gallands de maiſ‍tres ſeruiteurs, qui ſous l’authorité du maiſ‍tre le veulent tuer, il n’y a doute que la loy ne luy permette encores dauantage. Et ſi on luy dit, qu’il ouure hardiment, qu’on ne luy fera point de mal, & qu’il refuſe de ce faire tãt qu’on a des armes à la main, il n’y aura aucun qui le condamne : d’autant qu’en l’eſpouuantement où il eſ‍t reduit, ne pouuant, s’il ouure, & qu’on le vueille tromper, auoir recours qu’a ſe ietter par les feneſ‍tres, il ne peut eſ‍tre aſ‍ſeuré qu’on n’ait point de volonté de luy nuire, tant qu’il voit qu’on en retient les moyens en ſa main.
Or les Rois, quand ils ſont bons, ſont appellez Peres du peuple, & par conſequent ils doyuent traiter leurs ſuiets comme enfans. Et la loy qui donnoit aux Maiſ‍tres puiſ‍ſance de vie & de mort ſur les eſclaues, (qui depuis fut fort moderee par les Empereurs) n’eut oncques lieu ſur les enfans. Dont appert qu’en ce cas, il eſ‍t beaucoup plus permis aux enfans, qu’aux eſclaues : & plus requis des Peres que des Maiſ‍tres : eſ‍tant choſe toute aſ‍ſeuree que les ſuiets doyuent eſ‍tre tenus en autre reng que d’eſclaues.
Quel ſera donc l’office d’vn Pere en ceſ‍t endroit, d’vn pere (dis-ie s’ainſi le faut nommer) que les enfans, de la bonté deſquels il a ſi ſouuent abuſé, ne redoutent pas ſans grande occaſion, voyans leurs freres tout freſchement morts deuant leurs yeux ? Sera-ce ſeulement de leur monſ‍trer