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D I A L O G V EI I.

Quant aux Cantons de la Religion, ils n’ont garde d’y auoir enuoyé de leurs gens : pluſ‍toſ‍t leur ont-ils deffendu ſur peine de la vie d’y aller, & cõmãdé de ſe tenir preſ‍ts & armez, tãt ils ont craint és premiers iours apres le maſ‍ſacre, que quelque orage tombaſ‍t deſ‍ſus eux, & ſur leur eſ‍tat. Et cela a eſ‍té cauſe, auec la crainte auſsi qu’ils auoyent de faire naiſ‍tre vne guerre ciuile d’entre eux & les cantons Papiſ‍tes, qui deſia, comme ie t’ay dit, eſ‍toyent embarquez du coſ‍té du tyran, qu’ils n’õt baillé aucun ſecours à nos freres : quoy qu’ils confeſ‍ſaſ‍ſent ingenuement d’y eſ‍tre tenus & obligez par la loy de Dieu & des hommes.
Bien eſ‍t vray qu’ils ont monſ‍tré & tous leurs ſuiets auſsi d’auoir vn extreme deſplaiſir & compaſsion de noſ‍tre fait m’aſ‍ſeurant en teſmoignage de leur bonne volonté que tous les François Huguenots foruſcis ſeront les tresbien venus & ſeurement cõſeruez en leurs terres : & qu’ils n’oublieront riẽ du deuoir de charité enuers eux : mais qu’ils ne pouuoyent du tout rien plus que cela pour maintenãt : deſia auoyent-ils recueilly à Baſle & bien fort honorablement les petits ſeigneurs de Chaſ‍tillon, & de Laual, Meſdames d’Andelot & de Teligny, la damoiſelle de Laual & pluſieurs autres gentilshommes & peuple François, & auſſi bon nombre de Miniſ‍tres refugiez, qu’ils entretienent çà & là à leurs deſpens deſ‍ſus leurs terres.
Le pol. Dieu ſoit loué, de ce que leur charité au moins ſe monſ‍tre en cela qu’ils recueillent liberalement

ces ieunes Seigneurs & nos autres fre-

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