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D I A L O G V EI I.

les forces des tyrans, qui ne pardonnent iamais aux loix, aux confederations & ligues : ains plantent touſiours leurs limites là où le bout de leurs eſpees s’eſ‍tſtend, les euſ‍tſt engardez de deſpeupler leurs terres, & de deſgarnir leurs maiſons de leurs gẽs. Cela, dis-ie, euſ‍tſt eſ‍tſté ſuffiſant, pour faire que le Conſeil euſ‍tſt arreſ‍tſté tout court les plus ambitieux & auares, & les euſ‍tſt engardé d’emmener leurs combourgeois à la boucherie. Cependant cela eſ‍tſt fait : il n’y a plus d’ordre, & ie m’aſ‍ſſ‍ſeure qu’ils ne feront pas grand mal aux noſ‍tſtres pour ce coup cy.
Le pol.Ie t’en reſpons & te le iure : ils n’ont eu garde d’approcher plus pres que de l’artillerie les murailles de la Rochelle, que ſi aucuns ont paſ‍ſſ‍ſé outre, ils ont eſ‍tſté tresbien frottez. Mais voila le mal qu’ils ont fait : ils ſe ſont faits battre & tuer, eux qui aiment leur liberté, pour nous vouloir rauir la noſ‍tſtre : & ont touſiours en ce faiſant veſcu deſ‍ſſ‍ſus Iaques bon homme. Puis rapporteront au retour l’argent & ſueur du bon homme, apres qu’ils l’auront bien pillé. S’ils apprenoyent vne fois à cognoiſ‍tſtre la grande difference qui eſ‍tſt d’entre vn tyran & la Couronne, qu’ils appellent, voire d’vn Roy à ſon Royaume : ie m’aſ‍ſſ‍ſeure qu’ils n’auroyẽt garde d’outrager, d’offẽſer & perdre vn ſi grand & ſi puiſ‍ſſ‍ſant corps, comme eſ‍tſt celuy de Frãce, à l’appetit d’vn ſeul tyran , & pour les paſ‍ſſ‍ſions d’vne femme.
L’hi.Certainement ie le croy. Mais, comme i’ay dit, c’en eſ‍tſt fait pour ce coup cy : vne autre fois ils pourront eſ‍tſtre poſsible quelque peu plus ſages.