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partie du corps eſ‍t ſi extremement greuee, qu’elle ne peut plus ſupporter ſon mal ? En tel cas il faudra diligemment conſiderer, quelle eſ‍t la cauſe de ſes plainc‍tes, & le but auquel elles tendent.
Car il y en peut auoir qui ſe plaindront de la tyrannie, enuers lesquels toutefois on n’vſera que de iuſ‍te & legitime commandement.
Eſ‍tans certains de la bonté & iuſ‍tice des complaignans, en ſe ſouuenant qu’il n’eſ‍t pas permis à vne partie, ſoit en chaſ‍teau, ville ou prouince, ce qui eſ‍t propre & appartenant au tout : apres que celle partie greuee aura admonneſ‍té & auerty les autres ſes compagnons de leur deuoir & charge : & qu’ils n’y voudront entendre : il luy ſera permis & loiſible par tout droit & raiſon diuine, humaine, politique & des gens : non de deſmettre le tyrã, iaçoit que par le droit il deuſ‍t eſ‍tre deſmis : mais fort bien de ſe ſouſ‍traire de ſa ſuiec‍tion, & de ſe deffendre contre la tyrannie, & violence de celuy, qui au lieu d’eſ‍tre Paſ‍teur & pere du peuple en eſ‍t le volleur & brigand.
Cela peut il faire en bonne conſcience, & laiſ‍ſer perir cependant qui veut perir à ſon eſcient. N’eſ‍tant aucunement raiſonnable que pour la laſcheté & nonchalance d’autruy mon droit, mon bien, mon honneur & ma vie, voire mon propre ſalut ſoit abandonné & perdu.
Par le droit Feudal, pour les meſmes cauſes que le vaſ‍ſal perd le fief, ſcauoir pour felonie, pour icelles meſmes le haut Seigneur le perd :

pource que, comme dit la Loy, l’obligation d’en-

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