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D I A L O G V EI I.

ſeſſeur de mauuaiſe foy ne peut preſcrire aucunement.
Les rois de France promettẽt & iurent à leurs Couronnemens, qu’ils conſerueront, vn chacun en ſon ordre, reng & degré : quand ils font le contraire, qu’ils violent les bonnes loix & les bons edic‍ts en quelque façon que ce ſoit, ils ne ſont plus Rois, ains Tyrans.
S’ils repliquent : Il y a cent ans deux cens, voire ſix cẽs ans que nous vſons de tel & de tel droit. (Car tel eſ‍t noſ‍tre plaiſir) & pour autant ce droit nous eſ‍t preſcrit.
Ie reſpons, que ſi on fueillete les hiſ‍toires de noſ‍tre France, on trouuera qu’il n’y a pas plus de ſoixante ans que la liberté des eſ‍tats y a eſ‍té opprimee, & que les Rois y ont eſ‍té comme l’on dit mis hors de page. Mais quand bien ce ſeroit de plus long temps, ie tourne dire, que la preſcription contre les bonnes mœurs & cõtre les droits du peuple eſ‍t inualide. Mais l’on me dira : Les eſ‍tats ne peuuẽt ou ne veulent s’aſ‍ſembler, ou s’ils s’aſ‍ſemblẽt, la plus grãd part emporte, touſiours la meilleure : ne ſera-il donc permis à vne ou à l’autre partie des trois eſ‍tats, ce qui eſ‍t loiſible à toutes les trois enſemble ? Ie reſpons que non, pour euiter aux partialitez qui s’en pourroyent ſourdre : Ayans à ceſ‍té fin eſ‍té eſ‍tablis trois, que toutes choſes ſe fiſ‍ſent auec bon ordre & ſain iugement : & que le chemin ſoit couppé à la diſsipation du peuple, qui autrement s’en pourroit bien enſuyure.

Qu’eſ‍t-il donques beſoin de faire quand vne

f.v.