Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
D I A L O G V EI I.

auſsi s’eſ‍tendoit iuſques là, comme tu ſcay, qu’il n’eſ‍toit permis au Rois de declarer, ny faire guerre, ny d’impoſer tribut ou ſubſides nouueaux ſans le conſentement des trois eſ‍tats : eſquels neantmoins les gens d’Egliſe n’eſ‍toyent aucunement comprins : ains ſeulement ceux de la Iuſ‍tice, ceux de la Nobleſ‍ſe, & le Peuple. Et eſ‍toit leur authorité telle, qu’ils depoſoyent les Rois quand l’occaſion le requeroit pour leur desbauche, inſolence, faineanciſe, incapacité & autres ſemblables choſes.
Nos hiſ‍toires nous font mention , comme tu ſcay trop mieux, de huic‍t Rois de France deſmis par l’authorité des Eſ‍tats.
Childeric en eſ‍t l’vn, deſmis en l’an 469. Eudon, l’autre deſmis vn peu apres. Vn autre Childeric, l’an 679. Theodoric l’an 696. Chilperic l’an 750. Charles le Gros, l’an 890. Odon, l’an 894. Charles le ſimpie, l’an 926.
Quant à noſ‍tre Charles le traiſ‍tre, ils ne l’euſ‍ſent ia deſmis : il n’eſ‍t pas vray-ſemblable : ils euſ‍ſent eu eſgard à ſes belles vertus, à ſa pieté, à ſa iuſ‍tice : ils euſ‍ſent porté reſpec‍t à ſa mere qui peut tout, & au Peron qui la ſurmonte, & gouuerne tout à ſon tour.
Mais ſi la liberté des Eſ‍tats, n’euſ‍t eſ‍té opprimee, ils euſ‍ſent bien deſmis d’autres Rois, qu’on euſ‍t peu nommer bons, tresbons, les comparant aux moindres traits de ceux que Charles a ioué au poure & miſerable peuple : cõme les Romains demirent Tarquin à raiſon de ſes outrages

& violences.

f.iiii.