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D I A L O G V EI I.

ſur ſes eſpaules, auquel il ait donné puiſ‍ſance & authorité abſolue de commander indifferemmẽt tout ce qu’il voudroit au peuple, qui l’auoit eſleu. Au contraire touſiours le peuple en ſe ſoumettant au magiſ‍trat, la auſsi lié & comme attaché à certaines loix & conditions, leſquelles il ne luy eſ‍t permis d’enfreindre ny outrepaſ‍ſer.
On voit encores auiourdhuy cela aux eſ‍tabliſ‍ſemens & couronnemens des Rois : où l’on leur offre certaine forme de iurement, qu’ils preſ‍tent deuant qu’eſ‍tre eſ‍tablis : s’aſ‍treignans par iceluy aux conditions qui leur ſont offertes.
Sous telles conditions le Magiſ‍trat regne, & ſous telles conditions luy doit le peuple obeir, n’eſ‍tant en rien honeſ‍te d’eſ‍tendre le commandement ny l’obeiſ‍ſance hors ou par deſ‍ſus icelles conditions, que nous pouuons appeller, vltro citróque & reciproquement obligatoires.
Nous auons vn ancien exemple de cecy aſ‍ſez à propros au regne d’Iſrael. Dieu eſlit Dauid & ſa poſ‍terité pour regir & gouuerner les Iſraelites. Ils ſe ſoumettent à ſon Empire, ſous certaines conditions & formule de iurement, que l’on peut recueillir des paſ‍ſages de l’Eſcriture, où l’hiſ‍toire du regne du roy Ioas eſ‍t traitee : Là il eſ‍t dit que Ioiada ſacrificateur ſ‍tipulant, l’alliance fut faite comme de nouueau entre Dieu, le Roy & le peuple.
Dieu teſmoignoit par la bouche du Sacrificateur, qu’il recognoiſ‍ſoit ce peuple là pour ſon peuple : & le peuple de ſa part reclamoit Dieu pour

ſon Dieu.

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