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D I A L O G V EI I.

Cela eſ‍t donc tout reſolu que nous pouuons en bonne conſcience deſobeir aux edic‍ts prophanes ou iniques des Magiſ‍trats, quels qu’ils ſoyent.
Reſ‍te à voir maintenant, s’on leur peut auſsi pareillemẽt reſiſ‍ter en bonne conſcience, & pour quelles raiſons : eſ‍tant choſe toute aſ‍ſeuree, que c’eſ‍t plus leur reſiſ‍ter, que leur deſobeir ſimplement.
Ia n’auiene que ie fauoriſe en ceſ‍t endroit le party de ces furieux & turbulens Anabaptiſ‍tes, que nous confeſ‍ſons tous pouuoir eſ‍tre dignement chaſ‍tiez par le Magiſ‍trat.
Qu’on ne penſe pas auſsi, que ie vueille porter le party des Seditieux, pourtant, ſi ie viens affermer que les ſuiets ſont tenus de reſiſ‍ter par armes, ſi beſoin eſ‍t, au Magiſ‍ttrat commandant chofes prophanes ou iniques,eſ‍tant vne telle reſiſ‍tence, qu’õ fait aux deſ‍ſeins d’vn Magiſ‍trat ſeditieux, vn vray moyen d’oſ‍ter la ſedition, & faire mettre vne bonne paix parmy les peuples.
Mais afin que la queſ‍tion puiſ‍ſe eſ‍tre plus clerement traitee & deſnouee, ie mettray en auant quelques maximes, comme preludes ſeruans à ce faic‍t.
Premierement qu’il y a vne mutuelle & reciproque neceſsitude & obligation d’entre le Magiſ‍trat & les ſuiets : comme il eſ‍t aiſé à cognoiſ‍tre, s’on conſidere l’origine, la cauſe & la fin de l’inſ‍titution des magiſ‍trats.
Cela eſ‍t bien certain que les magiſ‍trats ont eſ‍té creez aux peuples & non les peuples aux magiſ‍trats : tout ainſi que le tuteur eſ‍t cree à vn

pu-

pille