Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
D O V B L ED’V N EL E T R EM I S-
ſiue eſcrite au Duc de Guiſe par vn gen-
til homme, duquel on n’a peu
ſcauoir le nom.



Monſeigneur, m’eſ‍tant de bon heur tom
bee entre les mains une copie eſcrite à
main, intitulee le Reueille-matin des
François, en forme de Dialogue, & ayant bien
conſideré à part moy, les deuis & propos, que
Euſebe Philadelphe, qui s'en dit l'autheur, fait
tenir aux interlocuteurs : Il m'a ſemblé que ie
ne pouuois faire de moins, pour mon deuoir, que
de vous l'enuoyer par ce gentilhomme preſent
porteur : & vous dire là deſ‍ſus, ce que ie penſe e-
ſ‍tre expedient pour la grandeur de voſ‍tre mai-
ſon, & le bien de voſ‍tre ſeruice. Ie ne doute
point Monſeigneur, que quelque Huguenot de-
ſ‍pité pour les maſ‍ſacres, exercez ſur les freres,
(qu'on appelle,) n'ait esbauché ceſ‍te copie:
& ne doute non plus qu'il deſire le renuerſe-
ment de la maiſon de Valois, que ie le voy ſans
rien flater, ny dißimuler, dire tout ce qu il ſcait
de leur vie, & de la forme de leur gouuernemẽt.
il y a ſi longtemps que ceſ‍te maiſon vous occupe
vn ſi beau Royaume, qu'elle le gourmande, au
lieu de le gouuerner : le deſ‍truic‍t, & ruyne, au

lieu de l'edifier, & baſ‍tir. Les cœurs de la No-
bleſſe