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D I A L O G V EI.


Ali. Ie n’ay pas retenu le tout : mais voicy ce que i’en ſcay.

C’eſ‍t Chilperic indigne d’eſ‍tre Roy,
Mange ſuiet, tout rouillé d'auarice,
Cruel tyran, ſeruiteur de tout vice :
Lequel d’impoſ‍ts ſon peuple deſ‍truira,
Ses citoyens en exil bannira.
Affamé d’or, & par armes contraires,
Voudra rauir la terre de ſes freres.
N’aimant perſonne, & de perſonne aimé,
Qui de putains vn ſerrail diffamé,
Fera mener en quelque part qu’il aille :
Soit temps de paix, ou ſoit temps de bataille,
En voluptez conſumera le iour,
Et n’aura Dieu que le ventre & l’amour,
Du peuple ſien n’entendra les complaintes,
Toutes vertus, toutes couſ‍tumes ſainc‍tes
Des vieux Gaulois, fuyront deuant ce Roy :
Grand ennemy des paſ‍teurs de ſa loy.
Les eſcoliers n’auront les benefices,
Les gens de bien les honneurs des offices.
Tout ſe fera par flateurs eshontez,
Et les vertus ſeront les voluptez.
Iamais d’enhaut la puiſ‍ſance celeſ‍te,
Ne monſ‍tra tant ſon ire manifeſ‍te,
Et iamais Dieu le grand Pere de tous
Ne monſ‍tra tant aux hommes ſon courroux :
Signes de ſang, de meurtres, & de guerre,
De tous coſ‍tez vn tremblement de terre
(Horrible peur des hommes agitez)
De fonds en comble abbatra les citez.
Iamais les feux la terre ne creuerent

En