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— Je te le disais bien qu’il reviendrait  !… Allons, sois heureuse, petite !… Comment ! encore un coup de sonnette  ! Est-ce qu’on dérange ainsi les gens qui sont heureux…

Aline s’arrachant des bras de son père, le visage illuminé, courut ouvrir à nouveau la porte.

— Qui que tu sois, pensa-t-elle, sois le bienvenu ce soir.

Dans l’ombre de l’escalier, elle aperçut, accotée au mur, une femme amaigrie, vieillie, méconnaissable. Elle soutenait dans ses bras une fillette enveloppée de plaids. Les trois femmes se regardèrent, interdites. Aline étouffa un cri, la mère voulut parler, sa voix s’étranglait dans la gorge.

— La voilà… Sauvez-là… Adieu, murmura-t-elle.

— Non, mère, restez, votre place est ici.

Aline a saisi l’enfant, et retient madame Robert.

— Sans vous, reprit-elle, Suzanne ne guérirait pas.

Et de sa voix extasiée, de sa voix que personne n’avait plus entendue depuis les jours heureux de Gondreville, elle appela le capitaine, avec l’accent traînant de sa chère Lorraine :

— Papa ! quel bonheur ! c’est maman, c’est not’ Suzanne qui s’en reviennent chez nous.



imprimerie chaix. — rue bergère, 20, paris. — 13498-7-04. — (Encre Lorilleux).