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LE SYMBOLISME

danser la danse du scalp autour de ses poésies mises en pièces.

Zola, parlant au nom des naturalistes vilipendés, avait eu le malheur de dire à un reporter qui s'empressa d'imprimer le propos : « Ce mouvement symboliste, c'est le dernier coup de queue de la littérature de l'Idéal. » Et il avait ajouté, constatant que la jeunesse s'éloignait de lui : « Moi, je suis un solitaire. »

On s'empara du mot pour lui répondre : « En effet, vous êtes un solitaire, c'est-à-dire un vieux sanglier. »

Evidemment le ton où montaient ces polémiques manquait d'urbanité. Mais allez demander de la mesure à de jeunes poètes persuadés, comme il sied, que leurs innovations sont justifiées et à des écrivains sur le retour dont on traite les œuvres de surannées et de poncives !

Au surplus, chaque fois qu'une école se fonde, c'est-à- dire : chaque fois que quelques lettrés, unis par une conception nouvelle de l'art, s'unissent pour la propager, il se manifeste deux ordres de faits dont la reproduction constante prouve qu'ils sont inéluctables.

D'abord, les novateurs s'attachent à mettre en lumière les défauts de l'école qui les précéda. Afin de se faire place, ils critiquent, souvent avec plus de violence que d'équité, les livres où leurs aînés appliquèrent une méthode différente de la leur. Enfin ils se