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tement parce qu’il peut choisir et qu’il sait choisir. Il prend pour les développer uniquement des sujets très curieux, aptes à l’intéresser lui-même. Ensuite il travaille à les présenter de la façon la plus précise et la plus nette. Puis il choisit aussi sa langue, qu’il manie selon son sujet (i). C’était un savant dans la conception et la rédaction de ses œuvres ; son plus grand plaisir même était de se poser en archéologue ou en historien. Nulle part son esprit et ses tendances ne se voient mieux que dans les contes fantastiques. Il traite son sujet avec un sang- froid étonnant, soit qu’il le relate en historien, comme un fait historique :La Vision de Charles À7(i8a()) ; soit qu’il le développe comme un fait noté objectivement par un archéolo- (i) Le comte d’IIaussonville rapporte l’anecdote suhanle (Prosper Mérimée, Calmann-Lévy, 1880, p. 191) : « Comme M. Emile Augier lui faisait des compliments d"une petite nouvelle intitulée La Chambre bleue : Il a cependant un grand défaut, répondit-il, qui « tient à ce que j’ai changé le dénouement ; je comptais d’abord donner à mon récit un dénouement tragique et naturellement j’avais « raconté l’histoire sur un ton plaisant ; puis, j’ai changé d’idée et «j’ai terminé par un dénouement plaisant. Il aurait fallu recommencer et raconter l’histoire sur un ton tragique, mais cela m’a « ennuyé et je l'ai lai>sée là . »

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