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l’abbé, nous ne trouvons rien de tout cela dans la nouvelle de Gautier.

En sa qualité de peintre, il montre successivement des tableaux inouïs, et je serais même enclin à croire que l’épisode où Clarimonde morte vient chercher pour la première fois son amant est ce qu’il a créé de mieux dans sa prose descriptive : « Je reconnus sur-le-champ Clarimonde. Elle portait à la main une petite lampe de la forme de celles qu’on met dans les tombeaux dont la lueur donnait à ses doigts effilés une transparence rose qui se prolongeait par une dégradation insensible jusque dans la blancheur opaque et laiteuse de son bras nu. Elle avait pour tout vêtement le suaire de lin qui la recouvrait sur son lit de parade, dont elle retenait les plis sur sa poitrine comme honteuse d’être si peu vêtue, mais la petite main ne suffisait pas ; elle était si blanche que la couleur de la draperie se confondait avec celle de la chair sous le pâle rayon de la lampe. Enveloppée de ce un tissu qui trahissait tous les contours de son corps, elle ressemblait à une statue de marbre de baigneuse antique plutôt qu’à une femme douée de