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français. C’est injuste, car on ne peut appeler imitateur un homme qui est le disciple de génies aussi divers et aussi nombreux. C’est injuste, enfin, car l’auteur a su créer une harmonie de sons, une mélodie tout à fait incomparable dans sa propre langue. Si de Gautier on dit que c’est un peintre dans la poésie, de Nodier on pourrait dire, avec autant de justesse, que c’est un musisien de la langue. Si chez Gautier on voit des montagnes surgir de vastes plaines, et des taches jaunes de lumière parmi l’ombre des feuilles ; si l’on voit le teint sanguin des femmes de Rubens et les pâburs de Ribeira ; chez Nodier, on entend, mais réellement on entend (nous l’avons remarqué déjà dans Trilbj r ) le léger souffle du baiser, le sifflement du vent, les gémissements des malheureux, les chuchotements de l’eau qui s’écoule, les pas du cheval effrayé. Nodier avait le sens de l’onomatopée comme personne peut-être ne l’a eu, il a réussi à évoquer par les sons des sensations d’âme, des idées abstraites. Ecoutez seulement la description de la paix et du silence : « Il y a un moment où V esprit suspendu dans le vague de ses pensées...