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Il répétait souvent qu’il faut deux choses essentielles à la poésie, le poète qui croit en ce qu’il dit, et l’auditeur qui croit le poète : et il ajoutait avec beaucoup de tristesse : « Cette rencontre est devenue fort rare et la poésie aussi (i) ». Dans le moyen âge il trouva enfin cette double foi si souhaitée ; il la trouva dans la poésie chrétienne, dans les pieuses légendes, jusque dans les superstitions.

Dans la Légende de la Sœur Bêatrix, il essaie de reproduire cette candeur de l’àme, cette religieuse naïveté unie à la foi ardente et sublime, et à un oubli absolu de soi-même. Et il a réussi. Il a su l’envelopper de cette atmosphère de simplicité gracieuse, qui fait oublier que son auteur vivait au xix e siècle. Celte histoire est devenue par suite bien populaire, et ses traces se retrouvent jusqu’en nos jours (Maeterlinck).

La Sœur Béatrix s’est enfermée dès son enfance (i) Au commencement de Paul ou la Ressemblance, paru sous le litre : Un Domestique de M . le Marquis de Louvois, histoire véritable et fantastique. Revue de Paris, i83G, t. xxx.