Page:Retinger - Le Conte fantastique dans le romantisme français, 1909.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

-34-

même dans leurs débauches plus grandes, artistiques. Ils estiment trop l’esprit d’ordre, une belle langue, la clarté et la précision technique, pour se jeter aveuglément dans le baroque et l’extravagant. Ils regardèrent le merveilleux à travers le verre coloré de la tradition des doux et charmants contes de fées, et tout en composant des contes à la manière des Anglais ou des Allemands, ils restèrent « latins » et demeurèrent fidèles à la netteté de leur langue dans leurs visions, sans tomber jamais dans le grotesque ou dans l’horrible. Pour la même raison, ils acceptaient plus volontiers et imitaient au sens strict du mot les Mille et une Nuits persanes, si semblables à leurs propres contes bleus, et s’adaptanl si bien à leur imagination- Et quoique en véritables romantiques, ils s’efforçassent de les oublier, ils ne le purent pas. La France est plutôt le royaume des fées qu’un cimetière hanté de spectres.