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avaient parfois réellement beaucoup de charme, devaient leur plaire. Enfin, la forme un peu classique, ou plutôt « xvm e siècle », les rendait agréables même aux adversaires du romantisme. Ainsi, dans le domaine des contes fantastiques, Hoffmann et ces romans anglais régnaient uniquement jusqu’aux environs de i85o. A cette époque paraissent les premières traductions de Poe (i), qui en peu de temps supplante tous les autres, sauf Hoffmann qu’on traduit et réimprime encore souvent jusqu’à ces dernières années.

Remarquons encore que tous ces contes et romans étrangers ne sont pas imités directement, mais qu’ils influencent beaucoup les écrivains français (naturellement je ne parle pas des talents minimes, des œuvres populaires, sans aucune valeur littéraire, commises en vue de gagner de l’argent). Cependant, les Français gardent toujours le sens classique, (i) Quoique la première nouvelle de Poe traduite en français eût déjà paru en i84i, dans le Quotidien, sous le titre « Orang-Outang » (The murders in the rue Morgue) et sans nom d’auteur, ce n’est que par ses traductions que Baudelaire (la première « La révélation magnétique », dans la Libre Pensée, en juillet 18^8) le révèle au public et aux littérateurs.