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sa vie en vendant d’abord sa propre âme, puis celles des misérables qui les lui cèdent pour de l’argent ou pour la liberté. Mais Melmoth n’est pas heureux. C’est une création que l’on peut apparenter au Juif-Errant (de Sue, je ne parle pas de la légende de Jacques de Voragine) ou à V Homme qui aperdu son ombre ; mais elle les dépasse tous par la force et l’intérêt du récit, et par une observation profonde. C’est assez de dire pour son éloge que Balzac tenait Mathurin pour un de ses maîtres les plus vénérés (i).

L’influence de ces auteurs ne fut point négligeable. Outre leur propre valeur, ils avaient l’approbation et les louanges de tous les grands hommes de l’époque et, en particulier, de ceux qui étaient considérés comme les leaders de la nouvelle génération. Gœthe, lui-même, qui avait tant blâmé Hoffmann et ses disciples, appréciait beaucoup ces romans. Leur gothique était justement dans le goût des romantiques français, et les descriptions, qui (i) Cf. André Le Breton, Balzac, l’Homme et F Œuvre. A. Colin, 1905. Passim.