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périls des guerres extérieures, les malheurs de la France et ses triomphes baignés de sang, n’ont point passé non plus sans laisser des traces ineffaçables dans les esprits. « Tous avaient entendu parler dans leur enfance des événements terribles de la Révolution, ils avaient vu l’Empire, ils étaient fils de héros ou de victimes, leurs mères les avaient conçus entre deux batailles et le canon avait salué leur entrée au monde... Tout leur entourage leur paraissait prosaïque, matériel, terne (i). » Ils avaient maintes fois entendu les vétérans raconter leurs aventures de guerres, mêlées d’épisodes extraordinaires et d’étranges hantises. Quand la nuit est venue dans le bivouac établi à la hâte sur le champ de bataille, le soldat, brisé de fatigue et de besogne sanglante, conserve dans ses oreilles les cris des mourants ; les rictus des agonisants demeurent dans son regard ; autour de lui, il sent l’ennemi qui rôde et guette l’instant d’une revanche ; alors une frayeur folle s’empare (i) G. Brandès. L’Ecole romantique en France, trad. par A. Topin. Paris. Berlin 1900, p. 8.