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l’avait pu distraire de ce grave devoir ? Madame Parangon était partie, ce matin-là, pour Paris. L’émotion excusait sa distraction… qu’il se hâta de réparer dans l’après-midi.

Cette même année 1754, l’aimable Colombe, d’Auxerre, a pour lui des complaisances qu’il se hâte d’inscrire ; il en prend même les dieux à témoin : « 29 jun. Columbam amicam dulce habui… Dii boni, scitis quid egimus ! »

Au commencement de septembre de la même année, Restif marque ainsi le début de sa passion pour Rose Lambelin : « His diebus soleo loqui cum ingeniosâ puellâ Rosâ Lambelin, ad portam dominæ Chouin, carnicoquæ parisiensis vicinæ. »

Le 9 septembre, il écrit cette phrase dont nous avons déjà vu l’équivalent et qui revient sans cesse, aussi bien dans les dates de ses cahiers que dans celles de l’île Saint-Louis : « Hodie dico : quid anno sequenti, tali die, sentiam, dicam aut agam ? » Elle était, paraît-il, le signe d’une vive agitation.

Voyons la suite, pour la gradation des sentiments. Le 10 : « Ha ! quelle félicité !… Heri, quam egi dulce juxta puellam Rosam ! » L’explication suivante lui a paru nécessaire : « Cette expression qui est souvent répétée dans mes cahiers, agere dulce juxta puellam, ne signifie autre chose qu’une grande satisfaction morale, au lieu que habere dulce puellam y est un terme décent pour exprimer la dernière faveur. » Le 12 : « Ad puellam carissimam Rosam ivi, et j’ajoute : O felicitatem, si perdurares ! »