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ouvrir. Sara me retint encore. Enfin, ayant soupe, je sortis : en ouvrant la porte, je vis, devant moi, Lavalette, courbé pour écouter.
Il baissa la tête, et se mit à fuir. Je demandai de la lumière à Sara qui m’en apporta lentement. Je poursuivis mon rival, et je revins, au bout d’un moment, dire à Sara que c’était Lavalette. Elle feignit de n’en rien croire.
C’était lui, cependant. Tandis que je prodiguais à Sara les soins les plus tendres, la perfide recevait, chaque soir après mon départ, le fier Lavalette, qui fesait le rôle de Greluchon[1], puisque je payais. Et ce Lavalette, avocat, censeur royal, avait alors cinquante-cinq ans !
134. 29 9bris Ira furibunda. (Colère furieuse.)
En voici le sujet : le jeudi qui suivit ma découverte de la venue clandestine de Lavalette, cet homme vint jouer, le soir, au domino, avec Sara. J’apportais notre souper : sachant que Lavalette était là, je fis dire à Sara, par Florimont, que sa médecine l’attendait. Elle ne vint cependant pas. Je m’enflâmai. Je pestais, et je renvoyai Florimont avertir Sara, qui vint enfin ; je n’avais pas de courage contre elle : mais, après le souper, j’entrai chés sa mère, à laquelle je dis, avec humeur, la vision du lundi précédent. Nous

  1. Voir Monsieur Nicolas. Par suite d’une convention secrète avec Sara, Lamontette venait, le soir, de neuf à dix heures, après le souper. Ce lundi-là, le repas s’était prolongé plus tard que de coutume. On frappe. Nicolas ouvre et reconnaît Lamontette, qui s’enfuit. Un instant après, on frappe de nouveau. Sara éteint les lumières et se met à la croisée : « Peut-être est-ce Delarbre », dit-elle hypocritement. Elle voulait faire signe à Lamontette de s’éloigner.