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que celles-là ! Et ce ne sont pas les plus cruelles : attendés, lecteurs, au 29 auguste 1784[1] !…

71. 2 jun. Redit Sara indifferens. Félix. (2 juin, Sara de retour, indifférente.) Cette date exprime une chose qui doit m’affliger, d’autant plus que je m’y attendais le moins. La mère de Sara, que j’avais accablée de reproches sanglans[2], le vendredi soir, après le départ de Blanchard de la Valette, entr’autres de celui d’avoir vendu sa fille, l’obligea de revenir le samedi soir. Sara voulait m’écrire, mais sa mère, qui avait des craintes bien fondées[3], la força de revenir. Il était huit heures. J’étais dans ma chambre, quand la voiture arriva. Je vis Sara descendre : tout le corps me trembla. Je l’attendis, immobil sur un siège. Elle entra (je crois la voir encore) d’un air hardiment froid : « Hé bien ! qu’est-ce ? Me voilà ! »

Ce n’était ni le ton, ni le langage de ma Sara. De ce moment, elle ne fut plus elle-même. (Il faut que les hommes comme Blanchard de la Valette soient bien corrompus

  1. Voir, page 91, le § 404 : 29 aug. Fugere !
  2. Voir Monsieur Nicolas : « Après le retour de la mère, reconduite par Lamontette (ou Lavalette), Nicolas demande des explications. Madame Debée feint l’étonnement. Réflexions de l’auteur : Il était dupe de cette femme ! Mais comment s’en serait-il aperçu alors, puisqu’il aimait Sara ? Il alla jusqu’à proposer à Madame Debée de faire certains avantages à sa fille : « Que ne m’avez-vous dit cela ? répondit-elle ; je n’aurais cherché personne ! » — Suit l'Histoire de Sara, racontée par elle-même, d’après un manuscrit soustrait à la bibliothèque de l’infidèle.
  3. Elle craignait d’être dénoncée comme vendeuse de sa fille et mise à l’hôpital.