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Sirup et le Macchabée


C’était une bonne pâte d’homme que James-Athanase Sirup, et il ne demandait qu’à faire plaisir autour de lui. Mais lorsqu’il se vit enjoindre par une femme, que d’ailleurs il venait d’aimer, de prendre, un mort, mieux, un assassiné sur son dos, à lui, l’assassin, il sentit que le monde était bien mal organisé.

Sa compagne d’une heure alla chercher de l’argent et lui remit honnêtement mille francs en petites coupures.

Le moment était venu des grandes décisions.

— Viens le chercher ! commanda la femme.

Ils y furent…

Trois minutes après, trébuchant et déjà haletant, Sirup entendait sur son dos refermer la porte de l’appartement où il avait accompli son crime, et il commençait de descendre les escaliers. Il était averti : si on le voyait emporter son fardeau dans la rue, des cris et des appels ameuteraient partout et il se ferait arrêter, puis guillotiner.

— Mais, lui disait gaillardement la belle quadragénaire, nous sommes à deux pas de la Seine. Va le coller dans le jus…

Il s’en allait doucement ainsi, écoutant les rares bruits du dehors, tout assourdis, et ceux de la maison, réduits à des tic-tacs d’horloges.

Deux étages sont descendus. La rue se rapproche. Sirup commence à espérer qu’il s’en tirera quoique le trajet du dehors soit pour tout à l’heure une chose redoutable.

Soudain, comme il arrive à l’étage, une porte s’ouvre devant lui. Une femme apparaît, toute vêtue, prête à sortir. Elle pousse un cri d’émotion. Sirup, assommé de peur, les jambes coupées, laisse tomber le corps et s’affaisse à côté.