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malencontre, je n’étais qu’un caleçon… Bientôt la lumière disparut. Une jupe me recouvrait, et la tristesse revint en mon âme. Pas pour longtemps, heureusement, car comme nous allions sortir, on annonça le vidame de Mangerose. Il entra aussitôt en s’excusant par mille paroles aimables dont je n’entendais — c’est si lourd, le tour des robes — que des fragments.

En moi-même, je pensais : « Maudit vidame, donne-moi donc de l’air ! »

Cependant, nous nous étions assis côte à côte, le vidame et ma maîtresse, et la conversation prenait un ton plus galant. Enfin, avec un soupir de joie, je revis le soleil. Une main, une main d’homme, parfumée à la bergeronnette, glissait sous la robe crissante et fanfreluchée. Elle vint jusqu’à moi, et nous fûmes face à face. Ah ! s’il m’avait été possible de me faire entendre !…

— Chère marquise, dit enfin le vidame, quelle exquise idée vous avez eue d’acquérir ce joli caleçon de soie rouge.

En même temps, il me pinçait malicieusement et expertement. Parfois, il prenait même la chair avec… Alors, la marquise le repoussait avec des petits gloussements irrités et heureux.

Cependant, grâce à l’habileté du vidame, je me trouvai peu à peu tout à l’air. Ces deux personnages s’occupaient beaucoup de moi, l’un pour m’attaquer, l’autre pour se défendre ; et ce avec tant de soin que l’orgueil, je l’avoue, m’envahit…

Hélas ! L’orgueil est une chose maléfique et qui causa toujours aux humains les plus grands malheurs. Le diable voulut m’en punir, et…

… Mais que dirai-je encore. Le vidame devenait si rouge et si enflammé qu’il contenait difficilement ses désirs. La marquise elle-même ne résistait plus que d’une main affaiblie. Le sopha qui nous portait tous les trois