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douze transformations humiliantes. Puisque ton vice est l’amour, tu connaîtras tous les dessous et les bassesses que l’amour entraîne. Douze fois tu expieras aussi d’avoir pour l’autre sexe une délectation trop complète. À la fin, je ne sais encore si tu seras corrigée de tes passions, mais je sais que tu ne douteras plus de Belzébuth…

Et le diable disparut en laissant une ignoble odeur à la fois scatologique et soufrée…

— Et puis ?

— Hé bien, j’avais à peine les derniers mots du maudit dans l’oreille, que je me découvris…

— Mais quoi donc ?

— Caleçon… Ensuite, je fus clysopompe, puce, savonnette, oreiller, ceinture de chasteté, jupon, serviette, éponge, bidet, lexicon (ce sont de petits chiens familiers qu’on nommait ainsi jadis) et boîte à poudre. C’est après cette dernière transformation qu’ayant racheté mes doutes sur Satan, le terrible diable me permit de redevenir femme, ce que je suis, révérence due, assez bien, avouez-le !

— Et tu te souviens de tout ce qui t’arriva, comme caleçon, serviette ou canule ?

— À savoir.

— Ça doit être… piquant ? Conte-nous ça ?

— Je veux bien. Vous allez donc entendre l’histoire de mes nombreuses transformations. Voici :


ii


On n’est pas transformée comme ça, de jolie femme en caleçon, sans y trouver quelque ahurissement. Voilà pourquoi, dès le début et quand je repris connaissance, j’eus un mal infini à comprendre ma nouvelle situation. Je me trouvais jetée négligemment sur un fauteuil, à