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ses dents blanches et ses yeux bleus. Derrière elle, Mme de Javal-Menthul s’inclina. Son costume complétait le précédent. Il commençait aux hanches, constitué par un voile transparent de gaze dorée, et tombait mollement jusqu’aux pieds. Avec les deux toilettes, on eût pu faire ce que je nommerai un déshabillé ou une tenue de femme nue. Mais il faut avouer que chaque moitié avait infiniment de charmes et en étalait plus encore. Quel joli tableau cela faisait.

Cependant, la marquise s’en alla. La reine, évidemment, ne soupçonnait en rien la présence de l’individu caché sous la table.

Et le malheur arriva donc, tandis que la reine se mettait au lit. Je voyais depuis un moment s’agiter le tapis tombant sous lequel l’homme était caché. Soudain il se dégagea en rampant, les yeux enflammés, et un appréciable désordre dans son haut de chausses. Il s’approcha ainsi du lit où reposait Clytoria II, reine d’Astrakanie.

Sa Majesté n’avait rien vu. Elle semblait méditer trop de choses, et des choses si intimes, que je ne les devinais même pas. Mais la chose changea lorsque le survenant se dressa soudain et dit :

— Madame, pas un mot !

Il y eut un sursaut sur le lit, un cri de terreur étouffé, puis, reprenant son sang-froid, Clytoria II dit :

— Qui vous a permis, monsieur ?…

— Moi-même, madame, et pour quant à ce qui reste à faire, je compte maintenant sur votre permission.

La reine s’écria courageusement :

— Vous ne l’aurez point.

— J’aurai la reine elle-même, en ce cas, répondit avec un gracieux sourire l’inconnu qui s’efforçait de mettre ses paroles en acte.

De fait, Clytoria II, bien empoignée, semblait déjà à sa disposition, mais elle tenta de se défendre.