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défense, car je ne prétendais pas, animal inoffensif que l’on connaît tel, mentir à ma tradition et me battre comme chiffonnier avec un félin terrible, lequel se nommait dangereusement Zigouil, sans doute parce qu’il trucidait habilement les souris, mais qui aurait pu en tout cas, m’éborgner.

En réponse à ma plainte lamentable, aussi harmonieuse pourtant que celle du chien Riquet, qui, naguère, conversait d’égal à égal avec Anatole France, je reçus illico un coup de pied. Il me venait d’un officier en grand uniforme qui se tenait précisément aux genoux d’une jolie femme, ma propriétaire, et lui faisait sans équivoque une déclaration que je venais d’interrompre…

C’est alors que je pus admirer ce nouveau décor de ma vie. J’étais allongée sur un coussin de peluche, couleur baiser d’infante, devant un canapé à six pieds, en tapisserie figurant les exploits de la grecque Paxamô, laquelle, comme chacun sait, reçut d’Aphrodite, elle-même, révélation des douze techniques d’amour et les utilisa, dans sa vie terrestre, avec assez de bonheur pour que son nom devînt immortel. On voit que les deux amoureux, l’officier et l’objet de sa flamme, sur un canapé semblablement inspirateur, n’avaient que l’embarras du choix pour se… complaire… Je venais donc, par malencontre, de jeter au sein, si j’ose dire, d’une idylle, la musique, certes délicate, mais inattendue de mes abois. Et tout cela, par la faute d’un chat noir ! C’était, à mes débuts canins dans la vie humanisée, jouer de malheur.

Cependant, le galant reprenait sa litanie d’éloges et d’appels passionnés. Il parlait, et ses mains cherchaient en même temps une route vers ce que les plus pudiques de mes censeurs m’autoriseront à nommer le secret sentier. C’est bien en Amour que tous les chemins mènent à Rome, comme, si j’ose l’insinuer, au temps de la splendeur latine, toutes les voies de l’Empire menaient au