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L’homme cependant va pour satisfaire son instinct. Mais Annie, la nageuse pleine d’audace, a entendu son nom. Elle nage furieusement, accoste, lève, sous la lumière son beau corps svelte, luisant de gouttelettes, et s’élance.

Le bandit n’a rien vu.

En dix foulées. Annie est à son côté, elle s’arrête, une hésitation visible la crispe. Que peut faire une fillette nue contre un homme mûr, robuste, brutal et armé sans doute ?

Mais il faut agir. Avec décision, elle me prend, moi, serviette destinée sans doute à essuyer ses charmes et que rien ne prépara jamais à devenir instrument de mort. D’un geste brutal, elle passe la serviette autour du cou de l’individu haletant de désir. Il n’a pas deviné cette présence tant son rut l’absorbait. Il n’a pas le temps de se défendre, et subitement il est trop tard.

Avec une énergie effrayante, l’enfant noue la serviette sur la nuque du satyre, tire de ses forces tendues sur le nœud fait, et s’arc-boute désespérément…

L’étreinte de l’homme se relâche, garrotté comme le condamné à mort en Espagne, le souffle lui manque, il s’affaisse, une flamme tournoie dans son crâne, c’est fini…

Et les deux jeunes filles, vêtues en hâte, le cœur battant, me laissent dans la prairie redevenue déserte, nouée au cou d’un satyre déconfit et pâmé, mais non point d’amour.


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Ma foi ! le jour où je me réveillais petit chien (pékinois), fut et reste un des plus désagréables souvenirs de mes réincarnations. On pourrait, à première vue, imaginer le contraire. Qu’est-il, en effet, de plus charmant, quand on a été jolie femme, sinon de se réveiller chien d’appartement ? Mais figurez-vous qu’au moment où je pris contact