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valles, des recoins de chair qu’ensuite leur brusque effacement certifiait défendus. Car le retroussis constitue, à proprement parler, ce que les sots nomment érotisme. Rien n’étant plus parfaitement pur et étranger aux désirs salaces que la totale nudité.

Cependant, la jeune fille en peau avait rattrapé sa compagne et s’efforçait de lui enlever sa chemise. Elle y parvint enfin et brandit son trophée comme un drapeau. L’autre, d’abord honteuse et s’efforçant en vain de dissimuler d’un corps charmant ce que peuvent cacher deux mains de fillette, finit par se résigner et gambada enfin allègrement.

Moi, humble serviette, je me sentais, parmi cette gaieté, au sommet du bonheur.

À l’eau ! à l’eau !

La plus hardie des jeunes filles s’élança sur une petite plage et piqua dans la rivière. Avec un éclaboussement de gouttelettes pareilles à des brillants blancs de deux ou trois carats chacun, son joli corps s’enfonça sous la nappe d’eau d’un bleu rabattu et translucide. L’autre adolescente regardait et hésitait.

— Allons, viens vite ! cria la nageuse à sa compagne, qui s’était approchée pas à pas jusqu’au bord, mais n’osait faire plus, sinon tapoter l’eau du bout des orteils.

Enfin, la peureuse osa s’enfoncer d’abord, en frissonnant jusqu’aux jarrets. Il y eut alors une halte. Mais, encouragée par les rires de son amie qui flottait à ce moment au milieu de la rivière, la timide alla un peu plus profond. Lorsque l’eau lui saisit les aines, elle eut une sorte de frisson et leva les bras comme pour s’évanouir. Alors le courage lui vint, et une crainte de se tenir longtemps à ce point exact. Elle s’enfonça d’un trait jusqu’aux seins, à demi suffoquée, se frottant la poitrine avec une sorte de hâte nerveuse, puis se laissa aller. Elle nageait aussi bien, la première émotion passée, et les deux jeunes filles se