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— Zut, alors, tu vas maintenant me faire claquer de rigolade.

— Ma pauvre amie ! Moi aussi, dans une autre vie, j’ai douté comme tu fais. Je sais aujourd’hui quel crime c’était. J’en ai été terriblement châtiée. Et quel châtiment !

— Raconte, Pompette, ma belle, raconte. Justement nous avons envie de nous égayer…

— Tu vas vite cesser de rire quand tu sauras mes triste aventures.

— Préparons nos mouchoirs à toutes fins !

— J’ai vécu quatorze existences, et la présente est la première qui me donne un peu de bonheur depuis le jour déplorable où je provoquai la malédiction de l’au-delà… Douze fois j’ai changé d’être et fus incarnée dans autant de réalités.

— Dans quoi ?

— Tu vas le savoir ; j’étais, sous François Ier, une jolie — j’ose le dire — femme de la cour. Le roi m’aima. Il était bon, généreux et amant distingué. Toutefois, il se trouvait aussi malade. Tu sais quelle maladie, bien gênante pour un ami des jeux galants ?

J’étais bien satisfaite de le connaître pourtant, et malgré mes craintes, car le mal du roi ne laissait pas d’être connu, je m’abandonnais à ces amours magnifiques. Seulement, un jour, je crus surprendre sur ma gorge une rougeur suspecte. Je courus chez une sorcière. Elle se nommait Gypsy-la-Rousse. Certes, elle montrait tout de suite ses relations avec le diable, car son poil flambait comme n’a jamais lui l’or pur. Lorsque son regard tombait sur vous, elle semblait même vous percer le corps jusqu’à l’âme.

Elle me dit :

— Madame, tu es en train d’avoir la vérole.

Je répondis :